Gisèle Van Lange aboutit à l'expression abstraite par une simplification lente et progressive du paysage et par une synthèse non figurative du sujet. Une interprétation libre de la réalité et un geste pictural dynamique débouchent sur un expressionnisme abstrait où de larges plans et d'énormes touches s'étendent pour créer un ample mouvement sur la toile. L'ensemble forme un thème harmonieux et équilibré qui suggère un espace ouvert où l'on perçoit des obstacles touffus et des profondeurs moelleuses, des structures solides et des pentes vaporeuses. Partant des verts et des bleus richement nuancés, le coloris a évolué vers les bruns et les mauves sensuels. La vivacité du rythme est fondée sur un schéma implicite et sereinement construit. Elle évoque les variations naturelles des éléments. C'est dans la voie de l'expression spontanée que Gisèle Van Lange a marqué ces dernières années les progrès les plus nets.
Maurits Bilcke
(in : Michel Seuphor (sous la direct. de), La peinture abstraite en Flandre, Éditions Arcade, Bruxelles, 1963) |